La reconnaissance faciale, testée dans des lycées de Nice et Marseille, désapprouvée par la CNIL

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 29 octobre 2019 à 17h12
Reconnaissance faciale
© Shutterstock.com

L'avis de la commission a provoqué la colère du président de la région PACA, Renaud Muselier, qui dénonce une « décision qui a un siècle de retard ».

Le retour de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) sur l'expérimentation de contrôle d'accès virtuel par reconnaissance faciale dans deux lycées de la région Sud était attendu. Saisie par la collectivité, comme cela était prévu, le gendarme des données a rendu un avis défavorable mardi 29 octobre, avis qui fait pester en haut lieu au conseil régional.

Un dispositif que la commission trouve « disproportionné »

Durant plusieurs mois, les élèves ayant donné leur accord de deux lycées de la région PACA, le lycée les Eucalyptus à Nice et le lycée Ampère à Marseille, testaient un portique virtuel faisant appel à la reconnaissance faciale, pour pouvoir accéder à leur établissement. Le portique était censé assister les agents chargés du contrôle d'accès aux lycées, de façon à éviter les intrusions et autres usurpations d'identité.


La CNIL, qui a reçu le rapport d'impact de la région et des deux établissements fin juillet 2019, a procédé à l'examen de ce dernier et n'a pas rendu un avis favorable. En effet, la commission considère que le dispositif est « contraire aux grands principes de proportionnalité et de minimisation des données posés par le RGPD », et le juge « disproportionné  ».

L'autorité administrative indépendante estime qu'il existe d'autres moyens d'atteindre les objectifs de sécurisation recherchés, qui sont par ailleurs moins intrusifs « en termes de vie privée et de libertés individuelles ». La CNIL soumet par exemple l'idée d'un contrôle par badge.

La région « ne comprend pas » le blocage de la CNIL

La France semble toujours avoir du mal avec la reconnaissance faciale, qui est vue comme une technologie créant un sentiment de surveillance permanente. « Ces risques se trouvent accrus lorsque les dispositifs de reconnaissance faciale sont appliqués à des mineurs, qui font l'objet d'une protection particulière dans les textes nationaux et européens », rappelle la commission.


Le Président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, regrette la décision prise par la CNIL. « Cette décision a un siècle de retard ! Dans un monde où la reconnaissance faciale fait le quotidien de centaines de millions d'usagers de smartphones, il est incompréhensible de refuser des dossiers aussi simples et ambitieux que le nôtre. L'État nous encourage à mener ce type d'expérimentation, et considère qu'il s'agit d'une priorité nationale : nous ne comprenons pas ce blocage qui va à l'opposé de la dynamique actuelle », déplore-t-il.

La région a prévu de déposer un nouveau dossier rapidement sur la table de la CNIL.

Source : Communiqués de presse
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Peter_Vilmen

La CNIL est un nid d’extrémistes, c’est connu. Et là ils s’opposent à un simple progrès, quelle réelle différence entre un contrôle d’un visage et un contrôle de badge ? Bein, le badge, tu peux le perdre ou le prêter, le visage, pas vraiment si le système est bien foutu.

Sachant qu’on est quasiment tous sur Instagram ou Facebook (ou à montrer son zizi sur Snapchat), les données pourraient être transférées en clair qu’on en aurait rien à cirer.

Les gens devront comprendre à un moment qu’on aura pas beaucoup d’autres choix que la surveillance de masse pour faire progresser notre société. Il faut juste que cette surveillance soit faite de manière transparente et innovante.

merotic

Lol !
Vous êtes l’être idéal. Une vie parfaite qui colle au monde d’aujourd’hui :

Vous êtes fidèle à votre épouse, à vos amis, vous aimez le monde entier et jamais vous n’avez d’écart de langage.

Vous faites du sport et ne buvez pas d’alcool. Vous n’avez aucun problème de santé et vous travaillez dur.

Vous avez le droit à un travail, au crédit, à la mutuelle, au logement, et à un compte bancaire.

Par contre, si nous voyons que vous êtes sorti de nuit et que vous avez bu 2 verres d’alcool, nous devrons mettre un blâme ou une amende et vous perdrez des points voir une annulation de votre assurance auto si vous avez conduit.
Si vous avez embrassé une collègue, le harcèlement étant une infraction, l’infidélité une faute morale, nous serons obligés de fermer votre compte bancaire; nous ne soutenons pas ces actes.

Si votre train de vie nous semble trop opulent, nous ferons un contrôle fiscal.

Si vos amis fautent, vous serez convoqué pour mauvaises fréquentation et vous perdrez votre emploi : notre entreprise ne souhaitant pas avoir une mauvaise réputation.

Si vous êtes agressé, veuillez ne pas vous défendre, vous seriez alors accusé de violence. Laissez vous faire et déposez plainte par internet, nous étudierons votre dossier. Faire justice vous-même serait un acte de rébellion.

N’ayez pas peur, le recoupement des informations est fait dans le but de vous protéger de l’insécurité. De toute façon, vous n’avez rien à cacher non?

Je n’en rajoute pas plus, ceux qui n’ont rien à cacher sont souvent ceux qui vivent une relative tranquillité , mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille et le jour où ça dérape, (femme qui vous trompe, accident de voiture ou maladie, perte d’emploi car faillite de l’entreprise, dépression) tous les services dont vous dépendez et qui surveillent votre activité vous lâcheront et ce sera la norme.

Si on ne se bat pas contre ça, alors nous serons obligés de nous conformer à des codes qui iront au delà de la loi, comme les mouvements actuels d’offusqués qui ne supportent rien. CF: Le politiquement correct.

Pi_upi_u

Je suis à la fois d’accord et pas d’accord. Je suis votre logique mais seulement si on pense que le problème vient de la reconnaissance faciale. Pourquoi le problème n’est-t-il pas sur l’utilisation de ses données ? On parle d’identification, pas de suivi de flicage ou autre…
Quand je vois que dans ma ville, il arrive que des filles se fassent violer deux fois dans la même soirée, je me ficherai bien d’être filmer par des caméras si elles sont utilisées pour identifier ses personnes. A part si vous défendez ces actes et dans ce cas la, je ne peux que vous recommander d’aller voir un médecin.

oximini

Et sinon, entre les deux extrêmes il y a aussi tout un monde, bien réel celui là…
Ne seras-tu pas heureux de savoir qu’une vidéosurveillance de rue aura capturé les images et permis d’identifier un individu lambda ayant agressé ton gamin un matin en allant à l’école ? Cela dit, si tu es le dit-individu, je comprends ton point de vue extrémiste :smiley:

Bwaaazaaah

+1 :+1:

merotic

La reconnaissance faciale, c’est le croisement des données: cela signifie que votre visage est enregistré dans une base de données.

Pour les enquêtes de police, la plupart des crimes et délits ont été résolus jusqu’à présent sans camera. Et à moins de plomber le pays de caméra, le type qui vous agresse dans un parc ou un bois, il ne sera retrouvé que par ses empreintes digitales ou son ADN.

Votre prétexte de l’agression, c’est exactement ce qu’utilisent les pro-reconnaissance faciale ;: sauf que le type qui a en tête de vous agresser n’a qu’à de maquer le visage et votre reconnaissance tombe à l’eau.

Vous n’avez pas réfléchis oximini et piupiu. Encore des Geeks fan de technologie qui ne voient pas le monde de demain.

Vous me faites penser dans un autre genre comportemental, aux bourgeois des villes qui commencent à déménager après avoir défendu corps et âme l’im migration clandestine: un rapport vient de sortir sur l’état de violence dans Paris et une vidéo faite par « ni p-te ni soumise » montre le genre de mecs qui harcèlent les femmes.

Toujours ces idéaux, toujours les grandes causes sur l’intégrité: regardez ce que font les sites qui vous tracent et tiennent une partie de votre privée. Voyez les pubs qui apparaissent selon vos visites de site, sans avoir rien demandé etc.

C’est sidérant comme vous vivez dans l’idéalisme : mais chassez le réel, il reviendra et plus violent encore.

Quand vous perdrez tout comme dans un film de science-fiction qui ne semble plus être de la fiction (vous effacer : numéro de sécurité sociale, banque, etc), il n’y aura personne pour vous aider. Vous n’anticipez pas, une fois de plus, vous mériterez comme les parisiens, ce que vous avez soutenu.

GRITI

Les systèmes de surveillance vidéos, de reconnaissances faciales, micros, localisation ont de très beaux jours devant eux d’après ce que je lis plus haut. Avec l’éternel excuse de la sécurité…
Le fait d’identifier les violeurs ne changera rien au fait que le viol aura eu lieu.
Les gens acceptent tous ces outils de surveillance parce qu’en cas de problème on retrouvera le ou les coupables. Ca c’est tant que tout va bien et que notre gouvernement est gentil. Ca c’est tant que toutes ces données ne sont pas piratées ou exploitées commercialement.
Personnellement, ma priorité n’est pas de retrouver celui qui m’a agressé. Ce serait plutôt de ne pas être agressé.
Si le gouvernement mettait ce qu’il faut en effectif de police, avec le matériel et les outils nécessaires à leurs missions.
Si le gouvernement mettait en place les effets dissuasifs nécessaires pour que les délinquants n’aient pas envie de passer à l’acte.
Si le gouvernement donnait à la justice les moyens dont elle a besoin.
Si le gouvernement faisait en sorte que les délinquants n’existent pas (ou de façon très marginale) en misant sur l’éducation, pas de pauvreté, le respect des valeurs de notre société.
Et bien cela irait sans doute déjà beaucoup mieux.
Pour moi, tout ceux qui acceptent d’être surveillables, géolocalisables, écoutables en permanence au nom de la sécurité et bien cela revient à accepter que le gouvernement ne fasse rien pour empêcher tous ces crimes et délits.
Tous ces systèmes n’assurent en rien la sécurité. Ils interviennent après. C’est trop tard. Le mal est fait.
De plus, combien de fois les coupables sont retrouvés et arrêtés pour être relâchés? Pas grave. Grâce aux caméras on les chopera aussi la prochaine fois… quand ils seront repassés à l’acte. Super!!! Bien joué!!!

KlingonBrain

Je suis à la fois d’accord et pas d’accord. Je suis votre logique mais seulement si on pense que le problème vient de la reconnaissance faciale. Pourquoi le problème n’est-t-il pas sur l’utilisation de ses données ? On parle d’identification, pas de suivi de flicage ou autre…

Tout simplement parce que la tentation sera trop grande pour les gouvernements d’aller trop loin dans le contrôle de l’individu.

Pour quantités de raisons, il est inéluctable que cela se produira.

GRITI

Juste un petit exemple de l’importance des données personnelles pour certains (ce n’est que le début):

Vers un totalitarisme sanitaire ?

Toutes les données peuvent être croisées. Leurs utilisations sont sans limite.

KlingonBrain

Allez dans n’importe quelle dictature et demandez aux habitants ce qu’il arrive quand le fils pourri gâté d’un responsable local du parti tue quelqu’un.

C’est simple, il ne se passe strictement rien.

Quand on parle de délinquance, il faut comprendre qu’elle peut être à tous les niveaux de la société. Parce qu’il n’y a pas que dans la rue qu’on trouve de vraies ordures.

La technologie permettra peut être de lutter un peu contre une certaine forme de délinquance, mais au risque d’en protéger une autre, bien plus dangereuse encore de la vindicte populaire.

Le risque est très grand que les opposants politiques ne soient un jour ou l’autre victimes de ces technologies.

Et il suffit de voir l’actualité pour comprendre que cela peut arriver plus tôt qu’on ne l’imagine.

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